Une fois la mise en station effectuée, La soirée d’observation peut commencer. Nous disposons aujourd’hui d’un bon équipement d’oculaires qui peuvent s’adapter aussi bien au télescope qu’à la lunette. Un ensemble d’accessoires viennent les compléter : filtres, adaptateurs, correcteur de champs, lentilles de Barlow, réticule éclairé etc...

    Ce matériel nous permet de couvrir une large palette de cadrages. Nous observons avec le même bonheur de larges champs galactiques ou nébuleux, des planètes ou des objets très petits et éloignés nécessitant de forts grossissements. La forte luminosité du miroir et les hautes performances des oculaires nous offrent un confort d’observation très appréciable.

    L’adaptation de notre instrument à la photographie représente la fonction la plus exigeante de notre projet. C’est l’aboutissement de tous nos efforts. Chaque détail de la chaîne technique compte : qualité du miroir, stabilité et précision de la monture, équilibrage, régularité du suivi, finesse de la mise en station, colimation et propreté des optiques, mise au point de la photographie (netteté).

    Nous avons vu dans les pages précédentes que nous avons équipé notre télescope d’un système de mise au point motorisé. Ceci constitue un progrès dans la recherche de perfection de nos images. Cependant nous avons constaté que le principe de friction de l’entraînement du porte oculaire n’était pas idéal. La répétition des mêmes mouvements pas à pas ne donnait pas exactement les mêmes résultats. Nos avons donc adapté au chariot de mise au point un comparateur nous permettant de lire la distance porte oculaire - boîtier photographique au 100 éme de mm. Nous pouvons ainsi faire des essais successif de prises de vues sur une étoile avec des mises au point légèrement différentes et retenir la meilleure distance pour la meilleure image.

    L'avènement de la photographie numérique est une avancée extraordinaire dans le domaine de l’imagerie astronomique. Fini les pellicules hypersensibilisées très onéreuses et les résultats incertains des procédés argentiques. Chaque prise de vue est immédiatement contrôlée sur écran et la définition des capteurs ne doit rien aux moyens formats en usages il y a quelques années. Cela dit l’exigence augmente et la perfection est de rigueur. 

    Il faut savoir qu’il est rare de pouvoir effectuer plus d’une photo en une soirée. Une image est la somme de nombreuses pauses de plusieurs minutes chacune avec une mise au point et un suivit rigoureux. Entre chaque suivi nous devons réaliser une image noire de même durée : un dark. En effet un capteur numérique en fonctionnement prolongé s’échauffe et produit sur une image un certain nombre de points colorés parasites. Les mêmes points apparaissent sur le dark. Plus tard, lors d’un traitement par ordinateur, les parasites du dark seront soustrait des images astronomiques. D’autres images de référence doivent être ajoutées au dossier tel que le flat field et l’offset.

    Bref, c’est tout une collecte de documents qui doit être réalisée pour que la compilation finale sous programme IRIS fasse apparaître les merveilles d’un paysage astronomique. Cette image résultante sera encore améliorée sous Adobe.

    Aujourd’hui, les images que nous avons réalisées dépassent les rêves les plus fous que nous formions il y a dix ans. Cela dit, nous avons encore des progrès à faire. Par exemple dans le domaine des prises de vues planétaires à l’aide d’une Webcam ou dans celui de l’auto guidage. Comme bien d’autres astronomes amateurs nous rêvons de faire l’acquisition d’une caméra CCD de haute qualité. 

    Ces objectifs sont pour nous des sujets de motivation, nous savons que la patience vient à bout de bien des difficultés. L’ensemble de tout ce que nous avons réalisé comble nos désirs au delà de nos espérances. Nous avons en Auvergne la chance de jouir de nuits pures. Notre situation en moyenne altitude nous procure des cieux cristallins et la distance qui nous sépare de grandes cités nous protège de la pollution atmosphérique et lumineuse nocturne. Pour combien de temps ? Déjà les lampadaires fleurissent dans les moindres hameaux et leur lueurs menacent d’annihiler nos efforts de perfection. Un télescope est une machine d’amplification lumineuse. La lumière parasite est la première à apparaître dans le faisceau de notre optique, elle gomme nos fragiles galaxies impitoyablement. Nos nuits d’observation sont rares, elles exigent une météo parfaite, sans vent, pas de lune, et que nous soyons disponibles. En une année, elles se comptent facilement sur les doigts des deux mains. Il y a tant à voir, le ciel tourne, le temps passe, nous n’en sommes que les observateurs, les montreurs temporaires...

                                            Elie Bosc

6 Le fonctionnement, photo