C’est en Août 2000 que nous avons reçu le bloc de verre brut qui allait devenir la pièce maîtresse de notre télescope : Le Miroir. Un disque de 5 cm d’épaisseur et de 40 cm de diamètre pesant 10 kg. La technique de taille est manuelle, un autre disque sert d’outil. En les frottant l’un sur l’autre, suivant des mouvements adéquats, l’outil devient convexe et le miroir concave selon une courbe sphérique. Le rayon de cette courbe va définir la focale du miroir et l’angle de “vision” de l’instrument. les différents oculaires que nous utiliserons détermineront le “grossissement” des objets. L’ouverture est déterminée par le rapport entre le diamètre du miroir et la distance du point focal où les rayons lumineux se rencontrent. C’est juste derrière ce point focal que sera placé l’oculaire pour former une image sur notre rétine ou sur la surface sensible d’un appareil photographique. Nous optons pour un rapport relativement court : 1/4,33 soit une distance focale de 1,75 m. Un compromis assez lumineux pour observer les objets du ciel profond et assez large pour embrasser des champs stellaires étendus.

    L’ébauchage : Entre l’outil (dessous) et le futur miroir (dessus) un gros abrasif est saupoudré pour attaquer la matière. Les débordements du miroir sur l’outil vont rabattre le bord de l’outil (le bomber) ce qui va creuser le miroir. La forme obtenue est forcément une portion de sphère.

    Un fois la forme du miroir obtenue, l’outil est recouvert d’un damier de poix. L’abrasif ultra fin mélangé à de l’eau prend l’apparence du lait. Commence alors la phase de polissage et de parabolisation. Sans aller trop loin dans des explications physiques et en simplifiant les choses, disons qu’en raison de l’étendue du spectre visible (entre 400 et 800 manomètres), la courbe sphérique doit être “parabolisée” pour que toutes les “couleurs” arrivent au même point. En pratique, cette déformation est impalpable, de l’ordre de l’Angström, et ne peut être mesurée qu’à l’aide de la machine de Léon Foucault. Cet appareil envoie un “fil de lumière” sur le verre non encore aluminé. La surface polie renvoie cette lumière sur la “lame de Foucault”. Là, on peut observer l’état de surface du miroir ou à l’aide d’un “écran de Couderc” mesurer la distance focale de chaque zone. Grâce à un logiciel mathématique, l’ensemble de ces mesures nous permet de tracer la courbe du miroir et de la comparer à une forme idéale.

    De longs mois de travail sont nécessaires pour obtenir un résultat acceptable. La décision d’arrêter les retouches est difficile à prendre : on peut toujours tenter d’améliorer le miroir mais chaque reprise risque de faire reculer les progrès atteints. On recherche un état de surface parfait et un “Lambda” idéal. Le Lambda représente un rapport moyen des écarts de la courbe réelle par rapport à la courbe idéale. Plus le chiffre est grand plus la définition des images sera bonne. Nous estimons notre optique à un lambda /16 ce qui est pour un tel diamètre tout à fait satisfaisant. Le miroir part pour son aluminure.

    Cette fine couche d’aluminium ou d’argent est déposée sous vide dans une usine spécialisée. Ce traitement n’est pas éternel et en été 2007 nous décidons de confier notre trésor à M. Jean Marc Lecleire pour décaper l’aluminure oxydée et reprendre l’état de surface en appliquant sa technique secrète de super polissage. Fin Août 2007 notre miroir revient plus beau que jamais.

1 Construction : Le miroir